1. Introduction
Comme nous l’avions vu dans notre article, les relevés techniques sont nécessaires pour le bon déroulement d’un projet de rénovation. Grâce à eux, nous pouvons réaliser diverses études de votre logement comme un audit énergétique, une STD/SED, ou un DPE. Nous allons vous présenter dans cet article une autre méthode que nous pouvons utiliser pour nos relevés : la numérisation 3D des bâtiments.
2. Qu’est-ce que la numérisation 3D d’un bâtiment?
2.1 Le principe de base
Le principe est simple ! à l’aide d’un scanner 3D comme le Matterport pro 3 ou le Leica blk360 , il est possible de numériser chaque élément, à l’intérieur comme à l’extérieur d’un bâtiment.
Le taux de précision (selon l’appareil utilisé) est compris entre 4mm et 20mm sur 10m, soit une marge d’erreur comprise entre environ 0.1% et 0.3%. (Pour rappel la marge tolérée est comprise entre 5% et 10%)
Cette technologie est basée sur des capteurs HDR,LDR, et laser (ex : LIDAR) qui viennent créer des points dans l’espace (environ 100 000 par seconde) afin de détecter toutes les formes environnantes. L’ensemble des points forme ce que l’on appelle un nuage de points, qui peut être ensuite exploité pour former une modélisation 3D à l’aide de logiciels spécifiques comme Revit ou en les combinant avec les images récoltées comme le fait automatiquement Matterport grâce à son logiciel. Dans les deux cas, nous obtenons ce que l’on appelle un jumeau numérique.
2.2 Le jumeau numérique
Grâce aux dernières innovations révolutionnaires dans la technologie de capture 3D et aux logiciels alimentés par l’IA, il est possible de créer un jumeau numérique d’un bâtiment. C’est-à-dire une maquette virtuelle en 3D du bâtiment ! et oui fini la maquette en bois, l’heure est au numérique !
C’est bien beau un jumeau numérique, mais qu’est-ce qu’on fait avec ?
Et bien c’est simple ! le principe est de pouvoir interagir avec la maquette pour divers usages que je développerai dans la partie suivante.
Nous retrouvons essentiellement 2 types de maquette :
- Les maquettes VR (figure 2.2) pour une immersion complète et interactive très souvent utilisées dans l’immobilier pour effectuer des visites.
- Les maquettes au format IFC (figure 2.3), tous les éléments sont modifiables par la quasi-totalité des logiciels dédiés. Cette dernière est souvent utilisée dans le bâtiment au travers d’une méthode de travail appelé BIM.
3. Pourquoi l’utilisons-nous ?
Nous allons voir dans cette partie, les 5 principales raisons pour lesquelles nous utilisons cette technologie. Elle nous est utile principalement pour 2 cas d’usages , nos études thermiques / énergétiques et la gestion d’un projet de rénovation.
La Traçabilité
Un jumeau numérique nous donne accès direct à tous les éléments relevés dans un bâtiment. Ces éléments sont ensuite utilisés dans nos logiciels de calculs thermiques et énergétiques (Pléiades & Caprenov +). Le jumeau nous permet donc d’être très précis sur la saisie des données, ce qui assure la fiabilité d’une étude.
Pour rappel, des études comme le DPE sont opposables depuis le juillet 2021, l’opposabilité s’applique sur les données d’entrée et non les résultats du moteur de calcul. D’où l’intérêt d’être très précis sur ce point et sécuriser tous les acteurs concernés.
Voir article Matmut.
La traçabilité avec un jumeau numérique n’est pas seulement utile pour une étude, cela permet également lors d’un projet de rénovation de garder une trace avant travaux pouvant servir de preuve en cas de litige.
La précision
Comme nous l’avons signalé dans la partie 2.1 de cet article, il est difficile de faire plus précis en termes de mesures. À titre de comparaison, un relevé avec un télémètre laser a un taux de précision qui sera compris entre 1 et 7% pas par manque de fiabilité du télémètre, mais soit pour des raisons humaines (mauvaise prise de cote soit par la structure du bâtiment (la structure d’un bâtit ancien est rarement d’équerre).
C’est l’outil le plus adapté pour les rénovations ou études demandant une extrême précision.
La compatibilité
Une maquette numérique peut adopter le format IFC, c’est un format standard compatible avec la majorité des logiciels DAO (dessin assisté par ordinateur). Mais outre la création visuelle de la maquette, il est possible d’y intégrer des informations comme la composition d’une paroi. Ces informations une fois enregistrées sont détectées par les autres logiciels comme notre logiciel d’étude thermique.
Par exemple, un maître d’œuvre conçoit la maquette 3D , un bureau d’étude de structure vient enrichir la maquette avec ses données, le bureau d’études thermique fait de même et nous obtenons une maquette unique, très complète et très détaillée alors que les intervenants ont des logiciels différents.
Cela nous évite donc de saisir plusieurs fois les mêmes données pour différentes études, ce qui nous amène au point suivant.
Gestion de projet
Le travail sur maquette numérique facilite grandement le déroulement d’un projet de rénovation. Nous trouvons en effet 3 grandes phases dans un projet :
L’étude qui regroupe essentiellement les parties d’étude globale pré-opérationnel, audit énergétique, étude de structure, etc.
La conception, qui regroupe essentiellement les parties techniques (faisabilité), chiffrage des travaux, analyse économique, planification, etc.
La réalisation, qui est donc l’aboutissement d’un projet avec notamment l’exécution des travaux, mises en service, contrôle, fin de chantier, etc.
La maquette sera utilisable par tous les intervenants même si c’est en mode consultation uniquement. Ce qui aura pour conséquences : un gain de temps, gain d’argent, gain de productivité, gain de précision, gain d’efficacité des prestations, etc.
Je développerai en détail cet aspect-là dans un article dédié au BIM qui sera publié en novembre 2022
Immersion
Le meilleur moyen pour comprendre c’est d’essayer
Petit plus si vous avez un casque VR c’est encore mieux !
4. Quelques statistiques
- Selon Forrester Research, 55 % des décideurs mondiaux en matière de technologie logicielle ont déjà adopté les jumeaux numériques
- 79 % des chefs d’entreprise citent les économies de coûts et 71 % les gains d’efficacité opérationnelle comme les principaux moteurs de leurs investissements dans les jumeaux numériques
- Des clients de tous les secteurs – usines, détaillants, hôtels et compagnies aériennes indiquent que les jumeaux numériques ont permis de réduire la durée des projets de 30 % et de diminuer les frais de déplacement jusqu’à 50 % grâce à une meilleure collaboration à distance
- Un client du secteur de l’immobilier commercial a déclaré avoir conclu des ventes jusqu’à 85 % plus rapidement
- Les clients du secteur de l’hôtellerie constatent que les réservations et les taux d’occupation augmentent de 14 % dans les établissements dotés d’un jumeau numérique.
- les agents immobiliers qui utilisent des jumeaux numériques obtiennent jusqu’à 74 % de biens en plus et 71 % des acheteurs particuliers se déclarent aujourd’hui prêts à acheter une maison sans l’avoir vue si elle dispose d’une visite numérique en 3D
5. Conclusion
La numérisation 3D n’est donc plus de la science-fiction, c’est une réalité et nous sommes convaincus que c’est un des pans d’avenir dans le bâtiment. L’étude, la conception et la réalisation d’un projet sont facilitées grâce aux jumeaux numériques. L’expérience utilisateur des acteurs est bluffante, les effets sont réels !
